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de Robinson Crusoé.

le gain qui m’en reviendroit, ne frusteroit pas mes espérances.

J’embrassai l’offre, & me liant d’étroite amitié avec le capitaine, qui étoit un honnête homme & allant droit, j’entrepris de faire le voyage avec lui. Je mis à l’aventure une somme, qui étoit, à la vérité, petite, mais qui se multiplia considérablement par la probité & le désintéressement du capitaine. Elle montoit en tout à quarante livres sterlings, que j’employai en quincailleries, suivant son conseil. J’avois amassé cet argent avec l’assistante de quelques-uns de mes parens, qui avoient correspondance avec moi, & qui, comme je crois, avoient engagé mon père & ma mère à contribuer pareille somme, à ma première aventure.

Je puis dire, que, de tous mes voyages, celui-ci est le seul qui m’ait réussi ; j’en suis redevable à la bonne foi & à la générosité de mon ami le capitaine, car parmi plusieurs autres avantages que j’avois avec lui, j’eus encore celui d’apprendre passablement les mathématiques, & les règles de navigation, à tenir un compte de la course du vaisseau, & à faire mes observations : enfin je m’acquis des connoissances absolument nécessaires à un marinier ; & s’il se plaisoit à m’enseigner, je me plaisois à apprendre : tellement que ce voyage me rendit à la fois & matelot & marchand. En