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de Milord Céton.

s’en saisit, leur fendit l’estomac avec un couteau de pierre, leur arracha le cœur, qu’il enveloppa chacun dans trois feuilles de laurier, & les avala en faisant quelques grimaces ; ensuite il sépara le foie qu’il pressa dans un vaisseau de figure exagone, & l’encensa ; après quoi il mêla ce sang avec l’eau lustrale dans un autre bassin, & y trempa un grand rouleau de parchemin vierge qu’il tenoit dans la main droite ; alors nous lui entendîmes faire des hurlemens affreux : il ferma les yeux, & commença ses invocations sans presque remuer les lèvres : on entendoit seulement dans sa gorge un bourdonnement qu’on eût pris pour plusieurs voix réunies ensemble, & bientôt nous le vîmes s’élever de terre de plus de six pieds, en regardant toujours attentivement l’ongle indice de sa main gauche ; son visage s’enflamma ; ses veines se grossirent ; ses cheveux s’hérissèrent il s’agita enfin en faisant différentes contorsions qui nous effrayèrent extraordinairement.

Ce vieillard, que je crus possédé de quelque malin esprit, appela du secours ; puis se relevant à plus de cent pieds de terre, il retomba sur la tête, qu’il se fendit en gémissant : il continua néanmoins de demander du secours ; mais aussi-tôt qu’il eut articulé trois paroles magi-