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Voyages

ques, la terre s’entr’ouvrit ; une troupe de malins esprits en sortirent, les uns armés d’épées, d’autres de fourches & de gros bâtons ; ceux-ci de marteaux & de clous ; ceux-là de couronnes d’épines qu’ils lui enfoncèrent dans la tête, tandis que les autres s’occupoient à le percer de leurs épées, à le larder de clous dans tous les membres : d’autres enfin le frappoient de grosses bûches ; tous paroissoient s’efforcer de le mettre en pièces : mais tous ces tourmens, loin de l’affoiblir & de lui faire mal, ranimèrent ses forces, & le mirent en état de soutenir sans vaciller les affreuses secousses d’un vent épouvantable qui soufflait contre lui, tantôt par bouffées & tantôt par tourbillons : il sembloit que ce vent obstiné tâchât de le faire sortir de ses cercles ; car un instant après nous vîmes les trois ronds tourner sous lui. Il tomba ensuite une grêle rouge comme du sang avec des torrens de feux qui éblouissoient en tournant, & se divisoient par globes, dont chacun se fendoit en éclat, semblables aux coups de tonnerre.

Nous vîmes alors se répandre une lumière blanche & claire qui éloigna ce vent du fanatisme, & dissipa entièrement ces tristes météores : au milieu de cette lumière, parut un jeune homme qui avoit le pied droit sur un