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Voyages

ce devoir, nous dit le génie, parce qu’on ne souffre point d’étrangers dans ce royaume, qu’on ne soit informé du sujet de leur voyage. Je sais que l’on commence à vous soupçonner : il est dangereux d’inspirer de la méfiance lorsqu’on ne peut se faire connoître, & il est également difficile de se sauver des observations d’un vieux ministre, toujours supérieur par l’avantage du poste & par celui de l’expérience. Cette visite le tranquillisera sur votre compte : il possède entièrement la confiance du prince : c’est par lui que découlent toutes les graces, & sa cour est beaucoup plus nombreuse que celle de son maître. Cependant quoiqu’il ait acquis des biens immenses, il vend encore sa faveur ; il est vrai que c’est d’une façon oblique, & qu’il déguise son avarice par des dehors de magnificence, qui pourroient en imposer, s’il n’étoit connu : mais son premier valet de chambre vend toutes les graces, & il lui rend les trois quarts & demi de l’argent qu’il en retire. Par ce moyen, ni les charges, ni les emplois ne sont distribués à ceux qui ont le plus de mérite ou de talens, mais à ceux qui y mettent le plus haut prix ; ce qui fait que dans cette partie de la Cillénie, on voit souvent des postes éminens occupés par des personnes que la nature a privées des vertus né-