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de Milord Céton.

cessaires pour les remplir, qu’ils ne doivent qu’à leur opulence, à leurs cabales, ou à leurs intrigues.

Pour parvenir auprès de ce visir, nous fûmes obligés de traverser plusieurs antichambres, une grande gallerie, salle d’audience, chambre & cabinet de parade : toute cette enfilade étoit garnie de domestiques, dont le grade augmentoit à mesure qu’ils approchoient de leur maître. Nous fûmes enfin annoncés par un vieil Officier, qui nous introduisit dans un cabinet particulier. Notre visite se passa en discours vagues, beaucoup de questions de la part de ce ministre ; quelques offres de service, qui finirent par des complimens usités dans presque toute la Cillénie.

Nous sortîmes alors de son audience, & vîmes plusieurs grandes pièces remplies de personnes de toutes sortes d’états, dont les uns venoient faire leur cour, & les autres demander des graces ou de l’emploi. J’en remarquai qui avoient l’air triste & timide ; ceux-là m’intéressoient en leur faveur. L’histoire récente de nos infortunés, me faisoit leur supposer des chagrins. Curieux d’apprendre si je ne m’étois point trompé dans mes conjectures, je proposai à Monime de nous ranger dans l’embrasure d’une croisée, pour pouvoir, sans être remarqués, assister à l’audience.