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de Milord Céton.

toute leur éloquence pour le guérir de ses soupçons, quoique la plupart n’y connussent rien.

J’avouerai que, quoique le prince eût été mon rival, & un rival favorisé & prêt à être comblé des plus précieuses faveurs de l’amour, je fus néanmoins sensiblement touché de ses maux. Ce prince avoit le cœur excellent, l’ame noble & généreuse ; il étoit fidele à sa parole & à tous ses engagemens ; la probité & l’honneur étoient ses règles : avec de pareils sentimens je ne fus point surpris que Monime, dont les qualités répondoient à celles de ce prince, s’y fût attachée si promptement ; il semble qu’une sympathie lie d’abord les belles ames. J’étois bien éloigné deux heures devant de lui rendre cette justice ; c’est qu’il est difficile de l’accorder à un rival aimé, & qu’alors je n’avois plus rien à craindre de sa part.

La reine & tous les courtisans unirent leurs douleurs à celle du prince : pour les dames je ne voudrois pas affirmer si les regrets qu’elles affectèrent furent sincères ; je crois même, sans beaucoup les offenser, que pour la gloire de leurs appas plusieurs bénirent intérieurement le ciel de les avoir délivrées d’une rivale, qui les effaçoit toutes. La reine, afin d’honorer la