Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/176

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voir d’où elle pouvoit partir, qui lui dit : Pourquoi vous imaginer des périls où il n’y en a point ? Bien loin d’être maltraité dans les lieux où vous êtes, vous y recevrez tous les secours nécessaîres : n’a-ton pas commencé par vous tirer du lac, lorsque vous alliez y périr ? Ce lieu est l’asile des étrangers & chacun s’empressera à faire votre bonheur ; commencez par vous reposer, & par rétablir vos forces.

Aussi-tôt Prenany vit un feu s’allumer à côté de lui pour le sécher & quelques mets se placèrent de l’autre côté, pour appaiser la faim qui le pressoit.

Ah ! s’écria Prenany étonné quelle divinité habite ces rivages ? Qui que vous soyez, achevez de me protéger. Je ne suis point un dieu ni un génie, répondit la voix, je suis un mortel plus malheureux encore que vous : il est vrai que l’on ne me voit point mais si l’on pouvoit me prendre, je n’éviterais pas la mort, ou du moins une punition cruelle. Vous me surprenez, dit Prenany, les autres habitans de ces lieux sont-ils invisibles comme vous ? Je voyage pour un prince aveugle, à qui je dois rapporter tout ce que j’aurai vu ; si l’on ne voit ici personne, il auroit bien fait d’y venir lui-même, il auroit été aussi avancé que moi, Les autres habitans de ces lieux sont