Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/246

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ayant reconnu, par cette prémiere épreuve, la capacité & le bon naturel de son fils, ne douta point qu’il n’eût un jour toutes les qualités nécessaires pour lui succéder glorieusement. Cependant, il dissimula sa joie, & lui dit, d’un air sérieux, de se retirer, à dessein de faire la même expérience sur les deux autres princes ses fils. Il commença par faire venir son puîné, & s’étant servi du même discours qu’il venoit de faire, ce jeune prince lui répondit de cette manière.

Seigneur, si le ciel exaucoit mes désirs, vous seriez immortel. Vous devriez l’être, non seulement pour le bonheur de vos peuples, mais encore pour celui de vos enfans, puisque jamais prince n’a été plus grand, plus généreux, & plus magnanime que vous ; ainsi, jouissez toujours d’une santé parfaite, & d’un empire que vous gouvernez avec tant de sagesse, de prudence, & de bonté. À mon égard, seigneur, je n’en suis nullement capable, cela ne serviroit qu’à faire voir ma foiblesse, & à me combler de confusion plutôt que d’honneur. Si une petite fourmi sortoit présentement de sa demeure, seroit-elle digne de gouverner vos états ? Que suis-je autre chose qu’une petite fourmi sans force & sans adresse ? Il faut infiniment plus de mérite & de génie que je n’en