Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme occupoit tellement son imagination, qu’une nuit il en réva ; mais si heureusement qu’à son réveil, il se trouva délivré de ses peines & de ses désirs. Il ne put taire le songe qui lui avoit rendu un si bon office, ni retenir la joie qu’il avoit ressentie de se trouver libre & satisfait. Dès qu’il vit la belle, il lui conta la bonne fortune que le dieu du sommeil lui avoit procurée, & lui protesta en même temps de ne la plus importuner. Thonis, surprise & chagrine de ce procédé, résolut d’en avoir raison. Elle n’avoit pas accoutumé de laisser échapper un amant, sans en tirer quelque avantage proportionné à ce qu’elle se croyoit de mérite. L’aventure secrète du jeune homme lui donna encore meilleure opinion d’elle-même. Dans la pensée que des attraits aussi agissans que les siens méritoient une reconnoissance, elle crut que tout le monde lui feroit justice là-dessus. Ce fut au roi même à qui elle s’adressa, & se plaignit qu’un homme qui avoit eu à son sujet quelque heureux moment, refusoit de payer à ses charmes le tribut qui leur étoit dû. Ce prince écouta la belle avec gravité, & se souvenant du jugement qu’il avoit rendu dans le temps qu’il étoit perroquet, il fit venir l’amant, & lui ordonna d’apporter dans un vase la somme que Thonis demandoit. L’ordre ayant été exécuté, le roi dit