Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/359

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lante. Cet homme, qui en savoit une fort jolie, après avoir fait une profonde révérence, parla de cette manière.


CINQUIÈME NOUVELLE.

Il y avoit dans la ville de Batavie, au royaume de Bantan, une demoiselle qui n’étoit pas moins aimable par les agrémens de sa personne, que par la beauté de ses sentimens ; elle menoit une vie fort réglée ; & quoique sa fortune fût peu considérable, on ne laissoit pas de la voir contente. Comme elle ne souhaitoit jamais que ce qui étoit proportionné aux espérances que son état lui pouvoit permettre, elle étoit heureuse, parce qu’elle savoit se régler. La douceur de son esprit répondoit à celle qu’on voyoit sur son visage, & il eût été fort mal-aisé que son mérite ne lui eût pas attiré nombre d’amans, si elle eût voulu le faire connoître. Mais sa mère, qui ne lui avoit jamais donné que des leçons de vertu, lui en inspiroit l’heureuse pratique ; & les coquettes, dont elle trouvoit la conduite insupportable, étoient pour elle un miroir qui lui apprenoit à ne pas tomber dans leurs défauts. Ainsi, elle passoit la plupart du temps à travailler auprès de sa mère, & ne recevoit