Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucune visite, par le peu de soin qu’elle prenoit à s’en procurer. Elle eut pourtant beau se tenir cachée, le hasard la fit découvrir à un cavalier de Bantan, qui, étant venu loger vis-à-vis de sa maison, l’aperçut un jour à la fenêtre. Il la trouva tout aimable, & l’ayant vue ainsi plusieurs fois, quoiqu’elle se retirât si-tôt qu’elle remarquoit qu’on s’attachoit à la regarder, il ne put plus résister à l’envie de la connoître. Il y fut porté avec beaucoup plus d’ardeur, lorsque l’ayant entendu chanter un soir, il se sentit entraîné vers elle par ce nouveau charme. Comme il avoit de l’esprit, & de cet esprit qui se fait aimer par-tout, ce lui fut assez pour s’introduire chez cette aimable personne, que le prétexte du voisinage.

Sa mère crut que l’honnêteté demandoit d’elle qu’elle accordât à un étranger, qui ne devoit rester à Batavie qu’un mois ou deux, ce qui auroit pu tirer à conséquence, si elle l’eût souffert à un autre. Il alloit chez elle la plupart des soirs, & la conversation se faisant toujours en présence de la mère, sans qu’il semblât souhaiter du particulier avec sa fille, ni l’une, ni l’autre ne s’imagina qu’il eût d’autres vues dans l’empressement qu’il leur témoignoit, que le plaisir de passer quelques heures avec moins d’ennui qu’il n’eût fait dans sa chambre. Il y fut