Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/381

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Le mandarin partit sans vouloir revoir Banane, pour ne pas l’aigrir par sa présence. Elle s’étoit emportée toutes les fois qu’il s’étoit montré pendant le voyage, & il se flatta qu’il la trouveroit adoucie à son retour. Si-tôt qu’il eut pris congé de son ami, Polaure alla dans l’appartement de Banane. La fatigue d’un voyage fort précipité, & fait de nuit, & l’affliction où elle étoit, l’avoient obligée à se jeter sur un lit, où la lumière ne donnoit que foiblement ; & comme il venoit la consoler, à peine eut-il commencé ce qu’il avoit à lui dire, qu’elle poussa un grand cri, & se leva tout d’un coup avec des marques d’une surprise extraordinaire. C’étoit sa maîtresse enlevée par son ami. Jugez, seigneur, de ce que produisit un événement si peu attendu. Comme le mandarin n’avoit pas dit le nom de la demoiselle à Polaure, celui-ci avoit de la peine à en croire ses yeux, & Banane, qui se voyoit au pouvoir d’un homme qu’on avoit trompé, & qui en devoit garder du ressentiment, se seroit persuadée que l’enlèvement auroit été fait pour lui, si la conduite pleine de respect qu’il avoit toujours tenue, ne l’eût empêchée de lui attribuer une violence de cette nature. Tout fut éclairci, & on ne pouvoit assez admirer ce que le hasard venoit de faire. Banane reprit un air de