Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/382

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gaîté, qui fit paroître le plaisir qu’elle sentoit de se voir en un lieu où elle étoit assurée qu’on la laisseroit maîtresse absolue de ses volontés. Elle demanda qu’on la remît chez son père ; mais Polaure lui ayant fait voir qu’il ne pouvoit que de concert avec son ami, & qu’il falloit pour cela prendre de grandes précautions, qui seroient peut-être utiles au succès de leur amour, elle lui abandonna le soin de sa destinée, & se consola dans son malheur, puisqu’il étoit adouci par le plaisir de n’avoir à redouter aucune contrainte. Le frère & la sœur n’oublièrent rien de ce qui pouvoit contribuer à lui donner de la joie. Ils passoient les jours entiers dans sa chambre, ou bien ils la menoient à la promenade dans quelque endroit retiré ; & comme il est rare de s’ennuyer avec ce qu’on aime, elle trouvoit sa captivité fort agréable. Les sermens de fidélité & de confiance furent mille fois réitérés ; &, par un secret pressentiment, ils ne pouvoient s’empêcher de croire qu’ils seroient enfin heureux.

Trois semaines s’étant passées de la sorte, le mandarin revint un soir chez Polaure, lorsque la nuit étoit déjà assez avancée. Il voulut encore l’entretenir en particulier, & lui dit, après l’avoir embrassé, qu’il ne doutoit point que la demoiselle qu’il avoit laissée chez lui, ne lui