Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/58

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n’importe, cela marque toujours la bonne intention de la princesse. Il but de l’eau d’une fontaine qu’il rencontra, & un petit coup de ratafia pour se fortifier le cœur ; mais il n’eut pas le plaisir d’entendre crier le roi boit, car il n’avoit que son cheval pour toute compagnie.

Prenany n’étoit jamais sorti d’Amazonie, & ne connoissoit point le pays. Il s’engagea dans une solitude affreuse, dont il ne savoit plus par où sortir. Il voyagea ainsi deux jours & deux nuits dans un désert épouvantable ; il ne voyoit que des plaines d’un sable brûlant, qui s’étendoient à perte de vue. Cette vaste solitude n’étoit entrecoupée que par des rochers affreux, qui s’élevoient jusqu’aux nues, & d’où sortoient des torrens effroyables. Ces eaux, qui tomboient des montagnes avec rapidité, sembloient fuir avec autant de vîtesse un séjour si effrayant, & se précipitoient avec fureur dans les plus profonds abîmes.

Enfin le cheval de Prenany, outré de lassitude & mourant de faim, tomba ; & la bouteille de ratafia, où il y en avoit encore, fut cassée ; ce qui causa au prince un grand chagrin, Prenany, à force de coups, fit relever son cheval, qui le porta encore quelques temps ; mais le pauvre animal étant tombé une seconde fois, ne put venir à bout de se relever, malgré toute