Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/59

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sa bonne volonté ; en sorte que Prenany fut obligé de prendre ce qui lui restoit de gâteau, & de continuer son chemin à pied.

Quand il eut marché quelque temps, il s’assit au pied d’un rocher pour se reposer. Il regardoit tristement le ciel sans penser à rien, tant il étoit accablé de son malheur, lorsqu’il se présenta devant lui un vieillard dont la maigreur & la figure auroient fait peur au prince dans un autre temps ; mais alors il étoit si triste, qu’il ne s’apercevoit de rien. Le vieillard s’arrêta quelques instans à considérer le jeune Prenany avec tous les signes de la plus grande joie, puis il lui dit, en s’approchant de lui : Que je suis heureux de vous rencontrer, & quel bonheur pour vous de m’avoir trouvé ici ! Sans cet événement, vous seriez sans doute mort de faim dans ce désert, dont vous ne connoissez pas les routes ; &, sans vous, j’y aurois bientôt péri de misère ; au lieu que je vais faire votre félicité, & vous allez faire ma gloire & mon bonheur.

Prenany demanda au vieillard qu’il lui expliquât plus clairement comment ils alloient être tous les deux si fortunés. Contentez-vous pour aujourd’hui, lui répondit le vieillard, de savoir que vous êtes, aussi bien que moi, assuré d’être heureux. Venez vous reposer dans ma grotte demain je vous conduirai dans ma patrie, où