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AMERTUME


Un débris de navire, au sable de la grève,
S’enfonce, desséché par l’ardeur des étés,
Et penchant tristement ses mâts déshérités,
Tend sa carcasse morne au flot qui la soulève.

Ô navire, jouet des flux plaintifs et doux !
Ma vie est là, gisante à mes pieds. Toute joie
Vainement alentour s’agite et se déploie.
Epaves de la mer, mon âme est comme vous.

Mais je n’ai pas connu vos sublimes désastres,
Tristement enlisé dans les sables amers,
Sans avoir labouré le large champ des mers,
Sous le ciel magnifique où je voyais des astres.


EN APPROCHANT DES CIMES


Je suis parti dès l’aube, en laissant sur le seuil
De la cité banale à jamais désertée,
Ainsi qu’une défroque à la hâte jetée,
L’ambition, l’envie et l’inutile orgueil.