Page:Apollinaire - Le Flâneur des deux rives.djvu/56

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chanté par un garçon coiffeur, né à Bourg en Bresse.

Les noëls bressans ne sont certes pas des noëls de temps de guerre.

Les énumérations rabelaisiennes de victuailles y contrastent avec les restrictions de l’époque dépouillée où nous vivons.


Dès que la ville de Bourg — En apprit la nouvelle, — On fit battre le tambour — Pour mettre tout par écuelles. — Les bécasses, les levrauts — Les cailles, les chapons gras — Furent pris chez Curnillon — Pour faire la bourdifaille — Furent pris chez Gurnillon — Pour faire le réveillon.

Gog porta trois dindonneaux — Et farcit une belle oie, — Et d’une longe de veau — Il fit un bon ragoût ; — Sa femme fit du boudin — Et prit chez monsieur de Choin — Une grande bassine d’argent, — Pour y, pour y, pour y mettre — Une grande bassine d’argent — Pour y mettre son présent.

On alla vite appeler — L’hôte de la Bonne École — Qui porta des godiveaux — Et prit une belle andouille ; — Il mêla des fricandeaux — Avec des oreilles de veaux — Et porta trois barillets — De mou, de mou, de moutarde, — Et porta trois barillets — De moutarde de Dijon.

Quand l’hôte de Saint-François — Entendit qu’on faisait bruire — Les poêles et les lèchefrites — Dans le quartier de Tesnière, — Il fit faire à son valet — Une potringue de poulet —