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LES ONZE MILLE VERGES


risiers roses et descendre des collines en s’embrassant !

Un matelot, en permission de la Compagnie du Nippon Josen Kaïsha et qui était mon cousin me prit un jour ma virginité.

Mon père et ma mère jouaient le Grand Voleur et la salle était comble. Mon cousin m’emmena promener. J’avais treize ans. Il avait voyagé en Europe et me racontait les merveilles d’un univers que j’ignorais. Il m’amena dans un jardin désert plein d’iris, de camélias rouge sombre, de lys jaunes et de lotos pareils à ma langue tant ils étaient joliment roses. Là, il m’embrassa et me demanda si j’avais fait l’amour, je lui dis que non. Alors il défit mon kimono et me chatouilla les seins, cela me fit rire mais je devins très sérieuse lorsqu’il eut mis dans ma main un membre dur, gros et long.

— Que veux-tu en faire ? lui demandais-je.

Sans me répondre, il me coucha, me mit les jambes à nu et me dardant sa langue dans la bouche, il pénétra ma virginité. J’eus la force de pousser un cri qui dut troubler les graminées et les beaux chrysan-