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LES ONZE MILLE VERGES


thèmes du grand jardin désert, mais aussitôt la volupté s’éveilla en moi.

Un armurier m’enleva ensuite, il était beau comme le Daïbouz de Kamakoura, et il faut parler religieusement de sa verge qui semblait de bronze doré et qui était inépuisable. Tous les soirs avant l’amour je me croyais insatiable, mais lorsque j’avais senti quinze fois la chaude semence s’épancher dans ma vulve, je devais lui offrir ma croupe lasse pour qu’il pût s’y satisfaire, ou lorsque j’étais trop fatiguée, je prenais son membre dans la bouche et le suçais jusqu’à ce qu’il m’ordonnât de cesser ! Il se tua pour obéir aux prescriptions du Bushido, et en accomplissant cet acte chevaleresque me laissa seule et inconsolée.

Un Anglais de Yokohama me recueillit. Il sentait le cadavre comme tous les Européens, et longtemps je ne pus me faire à cette odeur. Aussi le suppliais-je de m’enculer pour ne pas voir devant moi sa face bestiale à favoris roux. Pourtant à la fin je m’habituai à lui et, comme il était sous ma domination, je le forçais à me lécher la vulve jusqu’à