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LES ONZE MILLE VERGES


mienne le second. La musique jouait. Je vis ma femme tenir la bannière gagnée par mon rival qu’elle embrassait à pleine bouche.

Le soir, elle voulut absolument dîner avec moi et Prospéro qu’elle amena dans notre villa. La nuit était exquise et je souffrais.

Dans la chambre à coucher, ma femme nous fit entrer tous les deux, moi triste jusqu’à la mort et Prospéro très étonné et un peu gêné de sa bonne fortune.

Elle m’indiqua un fauteuil en me disant :

— Vous allez assister à une leçon de volupté, tâchez d’en profiter.

Puis elle dit à Prospéro de la déshabiller ; il le fit avec une certaine grâce.

Florence était charmante. Sa chair ferme et plus grasse qu’on n’aurait supposé, palpitait sous la main du Nissard. Il se déshabilla aussi et son membre bandait. Je m’aperçus avec plaisir qu’il n’était pas plus gros que le mien. Il était même plus petit et pointu. C’était en somme un vrai vit à pucelage. Tous deux étaient charmants ; elle, bien coiffée, les yeux pétillants de désirs, rose dans sa chemise de dentelle.