Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/272

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choses de mauvaise augure l’horreur qu’ils en avoient, par des gestes d’aversion et en crachant sur le malade, pour éloigner d’eux-mêmes les mauvaises suites qu’ils croyoient, que la vue d’un pareil accident pouvoit leur attirer.

(27) Il craignoit encore d’être châtié, suivant les lois militaires pour avoir perdu son épée. Il y a dans l’original, Militaris etiam sacramenti gentium ob amissam spatham verebatur. Il craignoit aussi d’être puni comme parjure pour la perte de son épée. J’ai cru que cela n’auroit pas été si intelligible ainsi que de la manière dont je l’ai exprimé, qui revient au même. Le génie du serment militaire, dont on parle ici, est le génie de l’Empereur, par lequel les soldats juroient, ce qui leur paroissoit un serment plus inviolable, que s’ils avoient juré par tous les Dieux ensemble, comme le remarque Tertullien dans son Apologétique.

Ce serment militaire étoit de ne jamais déserter, de ne refuser point de souffrir la mort pour la République romaine, et d’exécuter courageusement tout ce que le général ordonneroit. Or la perte des principales armes, comme étoient la cuirasse, le bouclier, le casque et l’épée, passoit pour désertion, et étoit punie du même supplice, comme il paroît par la loi, qui commeatus 14 au digeste de re militari, §. 1.

(28) C’est le regard et l’ombre de l’âne. J’y ai ajouté, en parlant d’une affaire, &c. qui n’est point dans le texte, pour donner quelque jour à cet ancien proverbe qui, étant connu du temps d’Apulée n’avoit pas alors besoin d’explication, et qui peut bien avoir pris son origine d’une avanture pareille à celle qu’il conte ici. Cependant plusieurs auteurs donnent d’autres explications du regard et de l’ombre de l’âne, comme de deux proverbes différens, que notre auteur a joints ensemble, pour n’en faire qu’un seul. Pour le regard