Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/165

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un vin généreux ; ce n’est point par le mélange d’une substance plus forte qu’on obtient une liqueur plus faible ; la première substance est complètement détruite, et fait place à une substance qui n’existait pas encore.




S. Chrysostome : Nôtre-Seigneur voulait que le caractère divin de ses miracles se révélât peu à peu ; aussi ne fait-il pas connaître lui-même ce qui vient d’arriver. Le maître du festin n’appelle pas non plus les serviteurs (car leur témoignage n’eût pas suffi pour faire admettre un miracle aussi étonnant de la part de celui que l’on regardait comme un homme ordinaire) ; il s’adresse à l’époux qui était beaucoup plus on mesure de voir et d’apprécier ce qui venait de se faire. Or, ce n’est pas un vin ordinaire, mais un vin excellent que Nôtre-Seigneur met à la place de l’eau : « Et il lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, » etc. En effet, un des caractères des miracles de Jésus-Christ, c’est d’être beaucoup plus éclatants et aussi plus utiles que les choses qui sont le produit ordinaire de la nature. Les serviteurs furent témoins du changement de l’eau en vin, et le maître du festin aussi bien que l’époux, jugèrent eux-mêmes de l’excellence de ce vin. Il est probable que l’époux exprima sa reconnaissance en quelques paroles, mais l’Evangéliste n’en dit rien, il se contente de rapporter ce qui est nécessaire, c’est-à-dire, que Jésus a changé l’eau en vin, et il ajoute aussitôt : « Ainsi Jésus fit à Cana, en Galilée, le premier de ses miracles. » (hom. 23.) C’était le moment, en effet, d’opérer des miracles, puisqu’il était entouré de disciples parfaitement disposés et qui suivaient avec une grande attention toutes les actions du Sauveur, (hom. 21.) Prétendrait-on qu’il n’y a point de preuve suffisante que ce soit là le premier des miracles de Jésus, parce que l’Evangéliste ajoute : « A Cana, en