Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/280

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la terre des biens du ciel ; il avait dit précédemment de l’eau qu’il voulait donner : « Celui qui boit cette eau, n’aura plus soif, » et ici : « Celui qui moissonne reçoit sa récompense et recueille le fruit pour la vie éternelle, » et encore : « Et ainsi celui qui sème se réjouit comme celui qui moissonne. » Les prophètes ont répandu la semence, mais ce sont les apôtres qui ont moissonné, comme il va bientôt le dire : « L’un sème et l’autre moissonne. » Il ne faut pas croire cependant que les prophètes qui ont semé n’aient point de part à la récompense ; c’est pour éloigner cette idée que Nôtre-Seigneur donne une raison qui n’a point son application dans les choses sensibles. Dans le cours ordinaire de la vie, s’il arrive que l’un sème et que l’autre moissonne, la joie n’est pas égale pour tous deux. Ceux qui ont semé s’attristent d’avoir travaillé pour les autres, et ceux qui moissonnent sont les seuls à se réjouir. Il n’en est pas de même ici, ceux qui ont semé ne moissonnent pas, et cependant ils partagent la joie de ceux qui moissonnent, et reçoivent la même récompense. — S. AUG. (Traité 15.) Les Apôtres et les prophètes ont travaillé à des époques bien différentes, mais ils auront part à la même joie, et recevront tous pour récompense la vie éternelle.




S. Chrysostome : (hom. 34.) Pour appuyer ce qu’il vient de dire, Nôtre-Seigneur rappelle le proverbe suivant : « Ici ce que l’on dit d’ordinaire est vrai, l’un sème et l’autre moissonne, » C’était un proverbe que l’on citait, lorsqu’on voyait les uns supporter toutes les fatigues, et d’autres venir moissonner tous les fruits. Mais ce proverbe a surtout ici son application, parce que les prophètes ont travaillé et que vous moissonnez les fruits de leurs travaux, comme le Sauveur l’ajoute : « Je vous ai envoyés moissonner où vous n’avez pas travaillé. » —