Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/405

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ce pain : « C’est que personne ne peut venir à moi, si mon Père qui m’a envoyé, ne l’attire. » Quel magnifique éloge de la grâce ! Nul ne vient, s’il n’est attiré ; ne cherchez point à savoir et à juger qui est attiré, et qui ne l’est pas ; pourquoi Dieu attire celui-ci plutôt que celui-là, si vous ne voulez vous égarer, et contentez-vous d’entendre cette vérité : Vous n’êtes point encore attiré, priez Dieu qu’il vous attire.


S. Chrysostome : (hom. 46.) Les Manichéens saisissent avidement ces paroles pour nous objecter que notre libre arbitre n’a aucune puissance. Cependant Nôtre-Seigneur ne veut pas détruire ici ce qui est en nous, mais nous montrer simplement le besoin que nous avons du secours de Dieu, et il vent parler ici non de celui qui vient malgré lui, mais de celui qui rencontre de grands obstacles. — S. AUG. Si nous sommes attirés malgré nous à Jésus-Christ, c’est donc aussi malgré nous que nous croyons. C’est donc ici l’œuvre de la violence et non de la volonté ; mais on ne peut entrer dans l’Église qu’autant qu’on le veut, on ne peut croire que parce qu’on le veut, « car il faut croire de cœur pour obtenir la justice. » (Rm 10) Si donc celui qui est attiré vient malgré lui, il n’a point la foi ; s’il n’a point la foi, il ne vient pas. En effet, ce n’est pas en marchant que nous approchons de Jésus-Christ, mais en croyant ; ce n’est point par un mouvement de notre corps, mais par la volonté de notre cœur. C’est donc par la volonté que nous sommes attirés. Comment sommes-nous attirés par la volonté ? « Mettez vos délices dans le Seigneur, et il vous accordera ce que votre cœur demande. » (Ps 37) Il y a une certaine volupté du cœur pour celui qui goûte la douceur de ce pain céleste. Or, si le poète a pu dire : « Chacun est entraîné par son plaisir, » à combien plus juste