Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/406

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titre pouvons-nous dire que l’homme qui place ses délices dans la vérité, dans la béatitude, dans la justice, dans la vie éternelle, est véritablement attiré vers le Christ ; car toutes ces choses c’est le Christ. Dira-t-on que les sens du corps ont leurs voluptés, et que l’âme n’en a point qui lui soient propres ? Donnez-moi une âme qui aime, donnez-moi une âme qui désire, une âme fervente, une âme qui se regarde comme exilée et qui ait faim et soif dans la solitude de cette vie, une âme qui soupire après la fontaine de l’éternelle patrie, et elle comprendra ce que je dis. Mais pourquoi Nôtre-Seigneur s’exprime-t-il de la sorte : « Si mon Père ne l’attire ? » S’il faut que nous soyons attirés, soyons-le par celui à qui l’Epouse des cantiques a dit : « Attirez-moi après vous. » (Ct 1) Mais examinons le véritable sens de ces paroles. Le Père attire au Fils ceux qui croient au Fils, parce qu’ils pensent qu’il a Dieu pour Père. En effet, Dieu le Père a engendré un Fils qui lui est égal, et celui qui pense et médite attentivement dans la foi de son âme, que celui en qui il met sa foi est égal au Père, est attiré par le Père vers le Fils. Arius ne voit en lui qu’une créature ; le Père ne l’a pas attiré. Photius dit que le Christ n’est qu’un homme, celui qui partage ses sentiments n’est pas attiré par le Père. Dieu le Père attire Pierre, lorsqu’il dit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16) Aussi que lui répond Nôtre-Seigneur : « Ce n’est point la chair et le sang qui vous l’a révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. » Il l’attire par là même qu’il lui révèle ; car si les révélations qui ont lieu parmi les jouissances de la terre sont assez fortes pour entraîner ceux qui aiment, comment supposer que Jésus-Christ, révélé par le Père, n’ait pas la même force pour nous entraîner ? Qu’est-ce que l’âme désire plus vivement que la vérité ? Mais ici les hommes sont tourmentés par la faim et la soif de la vérité, ce n’est