Page:Arène - Au bon soleil, 1881.djvu/13

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— Naturellement, puisque nous sommes en carnaval. Un carmentran superbe, haut de huit pieds, doré comme un soleil, et qui a dans le corps un demi-quintal de paille. Perdigal le trimballe depuis huit jours à l’avant de sa charrette et compte le brûler ici.

— Alors, Perdigal pourrait arriver cette nuit ou demain ?

— Après demain plutôt, juste pour le mercredi des cendres. Et maintenant le verre est versé : à l’amitié.

Le tailleur de pierres sorti. — Quel grand Saint-Joseph ! s’écria un petit bonhomme chafouin et roux. Mais le vieux roulier qui avait versé à boire, l’interrompant :

— Tu dis, Pierre-Antoine… ?

— Je dis qu’il fait mauvais pour les gavots se marier avec des Provençales, et que si Lenthéric veut savoir quand arrivera le cousin, il n’a qu’à le demandera sa femme.

— Tu as la langue longue, Pierre-Antoine.

— Et pas la vue courte, maître Arnaud ! c’est ce qui m’a permis à mon dernier voyage, de distinguer de loin deux charrettes arrêtées sur le bord de la route et quelqu’un qui ressemble à Perdigal entrer avec une femme dans un bastidon que vous savez, le premier à gaucho après le pont du Jabron, entre la chaussée et la rivière.

— Le bastidon de Lenthéric ?