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LES HARICOTS DE PITALUGUE

quier Fra. Il venait précisément de rencontrer Pitalugue plus gai qu’à l’ordinaire et tout épanoui de l’aventure.

— As-tu vu ce Pitalugue, quel air content il a ?

— Mettez-vous à sa place, monsieur Cougourdan, avec ce qui lui arrive ?

— Il a donc gagné ?

— Mieux que ça, M. Cougourdan,

— Hérité peut-être ?

— Mieux encore : il a trouvé mille écus de six livres dans un bas.

— Mille écus, sartibois ! et mon billet, qui justement tombe ce matin.

— Pitalugue descend chez lui, monsieur Cougourdan, rattrapez-le avant qu’il n’ait tout joué ou tout bu ; et, si vous voulez suivre un bon conseil, courez vite.

Au Portail-des-Chiens, la marmite bouillait toujours et l’impatience était à son comble, lorsque Cadet, qu’on avait posté en sentinelle, vint tout courant annoncer qu’un vieux monsieur à lunettes d’or, porteur d’un papier qui paraissait être un papier timbré, tournait le coin de la rue.

— Monsieur Cougourdan ! s’écria la Zoun, il se trouvait là précisément quand nous semâmes les haricots.

— C’est lui le sorcier, je m’en doutais, reprit tante Dide. Allons, les enfants, tous en place, et pas un coup de bâton de perdu !

Silencieusement, les quinze Pitalugue mâles se rangèrent le long des murs, armés chacun d’une forte trique.