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CRANE DE NÈGRE

d’étude, grattant les murs, sondant les caves, cherchant le fameux souterrain.

Ce souterrain, d’après la légende, transmise fidèlement d’âge en âge par vingt générations d’écoliers, partait du collège, passait sous la ville dans sas largeur, et s’en allait aboutir à deux lieues des remparts, sur le revers d’un vallon, en pleine campagne. Quel événement si on avait pu en découvrir l’entrée, et quelle facilité pour braver désormais les retenues.

Un jour, je crus être le Colomb de cette Amérique.

Au milieu du petit cloître, après de fortes pluies, le terrain s’était affaissé. Rien qu’un trou, mais qui, élargi, nous laissa voir, car nous étions deux ! une dalle écornée, avec le vide par-dessous. Nous soulevons la dalle : un couloir se présente, étroit, carré, gluant, s’enfonçant en pente dans le noir. De là montait une étrange odeur de renfermé et de moisissures.

Mon ami et moi nous nous regardâmes : « Si nous allions chercher Clavajoux ? » Clavajoux était un grand qui passait pour intrépide. « Non ! pas de Clavajoux ; il voudrait avoir tout l’honneur. » Et nous descendîmes sans Clavajoux, les pieds les premiers, à plat ventre, tâtant le sol de nos orteils. « Ça ne descend plus… on peut se dresser… Allume le bout de bougie !… » Mon ami frotta une allumette : des os jaunis, des débris de bières, des crânes roulant sur le sol ; le souterrain était un caveau !

— Prends une tête de mort, et remontons vite… une qui soit belle, avec toutes ses dents !