Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/146

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idée de partir, de laisser ce village et ses tortueuses ruelles, cette vieille maison devenue mienne, ce pavé de l’âne dont les galets pointus, depuis quelque temps, me semblaient doux.

Et Misé Jano qui m’apparut dans le vallon, bondissante, surnaturelle, pour me souhaiter la bienvenue ! Et M. Honnorat, et Saladine !…

Je n’ose pas ajouter : et Mlle Norette ! par crainte de voir trop clair en moi.

Car elle est charmante, décidément, Mlle Norette.

Avant le dîner d’hier, je ne l’avais jamais regardée, et je n’aurais su dire si ses yeux étaient noirs ou bleus.

Ils sont noirs, d’un noir de velours noyé d’ombre. Un peu alanguis, par exemple, et doucement mélancoliques. Des yeux d’esclave heureuse, qui se serait volontairement donnée. La belle Schéhérazade devait avoir ces yeux-là.

C’est bien de l’honneur que me fait Galfar en me jugeant digne d’être remarqué par deux yeux pareils ! Pourtant, je ne me suis jamais guère mis en frais pour leur plaire ; Galfar non plus, d’ailleurs.

Singuliers galants que nous sommes : aussi