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Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/286

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dont la seule vue faisait rêver bonheurs cachés et vertus paisibles.

Il y avait certainement quelque chose d’extraordinaire dans ces bottines, car, à peine eurent-elles perdu le talon, que leur propriétaire me parut avoir changé d’âme comme d’allure.

Non seulement elle ne marchait plus de son air superbe et cavalier, et s’appuyait au contraire sur mon bras chastement et câlinement, comme une pensionnaire ou comme une cousine ; mais encore elle ne riait plus guère et parlait presque gravement.

Les douces choses j’entendis ce soir-là que depuis longtemps je n’avais pas entendues. Au diable les truffes et les joailliers, les théâtres, les bals, les costumiers et la bisque ! Il s’agissait vraiment de cela ? On en était à mille lieues…

Et qui parlait ainsi ? La bottine sans talon, j’en suis sûr, la chère bottine bourgeoise.

De temps en temps, un petit coup sec sonnait sur le trottoir, accompagné d’un mauvais rire… C’était la grande bottine, la Parisienne, l’ennemie, qui essayait de se mêler au dialogue. Mais elle se taisait bien vite et l’autre, effarouchée d’abord, recommençait son affectueux et tendre bavardage.

Pendant un intervalle de silence, ayant regardé la folle et charmante personne qui se serrait à mon bras, je m’aperçus, le croiriez-