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Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/71

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ses demi-gendres, grave, la serviette au cou, buvant sec et travaillant ferme des mâchoires. Le spectacle avait quelque chose d’intime et de patriarcal.

Leur repas terminé, Glady, Clorinde et la Roussotte s’en allèrent au théâtre, après avoir momentanément confié les pouvoirs à la caissière ; et le père Cochevis, demeuré seul, eut tout loisir pour se familiariser avec les habitués. Familial et attendri, il croyait prolonger un songe agréable. On lui offrait des bocks qu’il acceptait, sortant à chaque fois, pour payer sa tournée, une bourse enroulée en replis tortueux que, du reste, il ne venait jamais à bout d’ouvrir.

Puis, comme les trois patronnes s’attardaient, ses nouveaux amis, histoire de lui montrer la ville, le conduisirent dans quelques tavernes concurrentes. Si bien qu’à minuit, la vue un peu troublée, et ne s’y reconnaissant plus au milieu de tant de jeunes personnes également peintes et parées, ce brave père Cochevis les appelait toutes la Roussotte, Clorinde ou Glady, et voulait toutes les embrasser.

— J’en avons ti, des filles ? J’en avons ti !… C’est ben dommage, nom d’un pain ! que la mère Cochevis soit point venue.

On le coucha sur les deux heures, quoiqu’il essayât de protester, jurant ne se sentir aucun sommeil.