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MALUS.

phanes. C’est en ce point, disait-on, que M. Wollaston s’était trompé. Le but que se proposait Malus dans son Mémoire, fut de soumettre le fait à une expérience décisive. Il choisit un corps, la cire d’abeille, dont la réfringence peut être mesurée à l’état diaphane et à l’état opaque par la méthode de Wollaston. Il appliqua aux angles de disparition correspondants à ces deux états et assez différents l’un de l’autre, les formules de la mécanique céleste, et il trouva des pouvoirs réfringents parfaitement identiques. Cette identité des pouvoirs réfringents de la cire opaque et de la cire diaphane, qui semblait de vérité nécessaire, parut à l’auteur, à M. Laplace, comme à tous les géomètres et physiciens émissionnistes de l’Europe, la preuve mathématique de la vérité de la théorie newtonienne. C’est assurément une chose singulière que la parfaite identité des pouvoirs réfringents calculés d’après des angles de disparition différents et d’après des formules assez dissemblables entre elles. Mais quelle preuve avait-on que ces pouvoirs dussent être identiques ? Le passage de l’état solide d’un corps à l’état fluide doit-il donc être sans influence sur sa réfraction ? Ne pourrait-on pas citer des cas où la chaleur modifie le pouvoir réfringent des corps indépendamment de leur densité ?

La température de la cire et sa densité au moment de l’expérience telle que Malus avait été obligé de la faire étaient-elles bien connues ? Qu’y aurait-il, d’ailleurs, d’étrange à supposer que dans les limites où s’opère l’action des corps sur la lumière, il n’y a pas de substances vraiment opaques ?