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MALUS.

Mais l’heure habituelle où la nouvelle aurait dû lui parvenir était beaucoup dépassée, l’illustre physicien crut à une défaite, et il s’abandonnait, malgré toutes les consolations que sa femme lui prodiguait, au plus sombre désespoir. Ainsi, l’intrépide soldat de l’armée de Sambre-et-Meuse, celui qui avait vu la mort de si près au combat de Chebreys, à la bataille des Pyramides, le jour de la révolte du Caire dans l’immortelle journée d’Héliopolis ; l’officier qui, à Jaffa et a Damiette, avait supporté les attaques de la peste avec tant de fermeté d’âme, s’était laissé abattre par l’insuccès supposé d’une élection académique. Conservons précieusement ces souvenirs ! Qui oserait, en effet, soutenir l’inutilité des Académies, lorsqu’on voit l’auteur d’une des plus grandes découvertes des temps modernes, attacher tant de prix au titre d’académicien ? Qui ne comprend aussi de quelle émulation de jeunes expérimentateurs doivent être animés, lorsque la réunion dans laquelle ils aspirent à prendre place, constamment appliquée à éloigner d’elle tout soupçon de coterie, s’est maintenue au premier rang dans l’estime publique en apportant le plus grand soin à se recruter toujours parmi les plus dignes.

Malus était devenu major, grade correspondant à celui de lieutenant-colonel, le 5 décembre 1810. Le gouvernement lui avait souvent confié la mission d’aller classer, par ordre de mérite, les officiers d’artillerie et du génie à leur sortie de l’École d’application de Metz. Il était devenu ensuite examinateur des élèves de l’École polytechnique pour la géométrie descriptive et les sciences qui en dépendent.