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MALUS.

malheur de ses proches, de ses amis, des sciences et de la gloire nationale, la vie lui manqua.

Une phthisie, dont il éprouva les premiers symptômes vers le milieu de 1811, fit des progrès rapides et effrayants, peut-être à cause des germes que la peste avait laissés dans son corps débile.

Notre confrère ne se croyait pas gravement atteint, car, l’avant-veille de sa mort, il exigea d’un de ses amis qu’il lui promît de l’accompagner dans la semaine à Montmorency, où il désirait se retirer momentanément pour respirer l’air de la campagne. Mais je citerai une preuve plus démonstrative encore, s’il est possible, de l’illusion qu’il se fit jusqu’au dernier moment. Revenu d’Égypte avec la persuasion que la phthisie est contagieuse, surtout lorsqu’elle succède à des attaques de peste, il laissait cependant madame Malus, la tête appuyée sur la sienne, épier ses moindres gestes, et s’abreuver sans cesse de l’air qu’il avait respiré.

Du reste, cette femme admirable ne pouvait croire au malheur dont elle était menacée, et lorsque le savant illustre eut rendu le dernier soupir, il fallut presque employer la violence pour l’arracher au corps inanimé de son époux. Elle ne lui survécut qu’un petit nombre de mois.

Malus n’avait pas trente-sept ans lorsque l’Académie le perdit.


CARACTÈRE DE MALUS. — MAXIMES ET PRÉCEPTES. — SUSCEPTIBILITÉ DE MALUS DANS LES QUESTIONS DE PRIORITÉ SCIENTIFIQUE.

Notre confrère était d’une taille et d’une corpulence moyennes ; malgré ses manières réservées et froides, il