Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/187

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se montrer les partisans des superstitions dont l’espèce humaine a eu tant à souffrir. Hâtons de tous nos efforts la propagation des lumières ; c’est le seul moyen de diminuer le nombre des fanatiques, qui suivant l’expression du poète, sont

Au char de la raison attelés par derrière.

Rappelons-nous qu’il ne faudrait pas remonter bien haut pour trouver des écrivains appartenant aux castes lettrées, et qui étaient eux-mêmes imbus de ces préjugés, qu’on peut croire morts et qui ne sont qu’assoupis ; qu’enfin, vers le milieu du xvie siècle, le célèbre géomètre sicilien, l’abbé Maurolycus, jugeait le système de Copernic si dépourvu de vérité et de raison, que suivant lui le vénérable chanoine de Thorn aurait mérité d’être publiquement fustigé.

L’empereur Napoléon, en passant par Thorn en 1807, désira recueillir personnellement tout ce que la tradition avait conservé concernant Nicolas Copernic. Il apprit que la maison de l’illustre astronome était occupée par un tisserand. Il s’y fit conduire. Cette habitation de très-mince apparence se composait d’un rez-de-chaussée et de deux étages. Tout y était conservé dans l’état primitif. Le portrait du grand astronome était suspendu au-dessus du lit dont les rideaux de serge noire dataient du vivant de Copernic ; sa table, son armoire, ses deux chaises, tout le mobilier du savant était là.

L’empereur demanda au tisserand s’il voulait lui vendre le portrait du grand homme, qu’il aurait fait transporter dans le musée Napoléon au Louvre, mais l’artisan