Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/229

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rendaient le calcul des éclipses de Soleil extrêmement minutieux et délicat. Kepler eut le premier la pensée d’assimiler les éclipses de Soleil aux éclipses de Lune. Il supposa l’observateur situé dans te soleil, et calcula j’entre des différentes régions de la Terre dans le cône d’ombre projeté par la Lune à l’opposite de l’astre radieux ; c’était, à proprement parler, calculer une éclipse de Terre. C’est en suivant cette conception ingénieuse que les géomètres sont parvenus à donner pour le calcul des éclipses de Soleil des formules presque aussi simples que les procédés relatifs aux calculs des éclipses de Lune proprement dites.

Maurolycus avait cru impossible de considérer la rétine comme l’organe principal de la vision, parce que les images des objets extérieurs doivent y être renversés, et que la vision aurait eu les mêmes défauts. Kepler ne se laissa pas arrêter par une semblable difficulté, et montra que, nonobstant le renversement des images oculaires, nous devions voir les objets droits ; c’est donc à lui qu’est due la découverte de la vraie théorie de la vision.

Kepler explique ensuite la confusion de la vision des myopes, en faisant remarquer que les rayons lumineux partant des divers points d’un objet, se réunissant alors avant la rétine, forment sur cet organe une image d’une certaine étendue, en sorte qu’un point est représenté par une surface. Il ajoute : « De là vient que ceux qui souffrent de ce défaut de la vue, voient doubles ou triples des objets déliés et très-éloignés ; de là, quant à ce qui me concerne, résulte qu’au lieu d’une seule Lune, j’en vois dix ou même davantage.