Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/241

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« L’eau, et surtout l’eau salée donne naissance aux poissons ; l’éther la donne aux comètes. Le Créateur n’a pas voulu que l’immense étendue des mers fût dépourvue d’habitants ; il a fait de même pour les espaces célestes. Le nombre des comètes doit être très-considérable ; si nous en voyons si peu, c’est qu’elles ne s’approchent pas assez de la Terre ; elles se dissipent facilement. »

À côté de ces rêveries, fruit d’une imagination que rien n’arrête dans sa course vagabonde, se trouvent des idées qui ont eu cours dans la science parmi les plus habiles, celle par exemple que les rayons du Soleil en traversant les comètes, entraînent sans cesse des particules de leur substance et forment ainsi la queue.

Sénèque, d’après le témoignage d’Éphore, parlait d’une comète qui se partagea en deux portions, lesquelles suivirent des routes différentes. Le philosophe romain croyait cette observation mensongère. Il est, à ce sujet, traité par Kepler avec une extrême rigueur. Nous devons avouer que tous les astronomes étaient de l’avis de Sénèque ; mais voilà que, de nos jours, les observateurs armés de lunettes ont pu assister au partage d’une seule comète en deux astres distincts, et voir les deux moitiés s’engager dans des routes différentes. Les prévisions d’un homme de génie ne doivent jamais être entièrement dédaignées.

L’ouvrage dont nous parlons, quoique de 1619, porte dans le dernier chapitre surtout, l’empreinte des opinions astrologiques de l’époque sur l’influence que les comètes exerceraient à distance sur les événements du monde sublunaire. Je dis à distance, car, lorsque l’auteur soutient que la peste peut être produite par les comètes dont