Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/254

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la vérité, que cette rapidité n’avait rien d’étonnant ; quelques heures auraient pu suffire à toutes les observations que fit Galilée dans les années 1610 et 1611. Le sénat de Venise, croyant qu’avec les ressources que fournirait l’instrument nouveau, ses marins pourraient toujours éviter ou surprendre les ennemis, décida, en témoignage de reconnaissance pour Galilée, qui, d’après les règlements, n’avait été engagé que temporairement, qu’il conserverait sa chaire à Padoue, sa vie durant, avec les appointements de mille florins.

Cette fois, le grand-duc de Toscane ne fut pas moins libéral envers celui qu’on proclamait l’inventeur des lunettes. Le 10 juillet 1610, Galilée fut nommé premier mathématicien et philosophe de son souverain. Séduit par ces prévenances, il eut la fatale pensée d’abandonner Padoue où il jouissait d’une grande liberté d’opinion, pour rentrer dans son pays natal qui subissait alors l’influence presque indéfinie des moines.

Les savants de notre époque ne verront peut-être pas sans surprise, dans le diplôme grand-ducal de 1616, à la suite duquel Galilée se détermina à quitter Venise et à rentrer à Florence, quelques expressions qui leur sembleront blesser la dignité de l’homme de lettres ; celles par exemple dans lesquelles le grand-duc cite au nombre des titres qui l’engagèrent à conférer à Galilée de nouvelles faveurs, le vasselage et la servitude (vassallaggio e servitù) dont la philosophie, dit le diplôme, avait toujours fait profession. (Venturi, tome I, page 158. )

Nous devons dire que Galilée se plaignait du temps que lui faisaient perdre ses leçons de Padoue, et dans sa