Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/265

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pays, mais je les avertis qu’ils auraient tort de trop s’abandonner à cet honorable sentiment. Les parlements et la Sorbonne renfermaient à diverses époques des juges qui, sans appartenir à l’inquisition, n’en étaient pas moins passionnés et imbus de tous les préjugés de leur âge.

J’ai dans les mains deux exemplaires d’un ouvrage, publié en 1634 par un homme très-pieux le père Mersenne, religieux minime, et intitulé : Les Questions théologiques, physiques, morales et mathématiques.

Dans l’un de ces exemplaires se trouve une analyse du premier dialogue de Galilée ; dans l’autre, on n’en voit pas de traces ; tout ce qui était relatif au mouvement de la Terre, fut remplacé par une dissertation concernant la force de la voix.

La suppression de l’analyse du premier dialogue de Galilée et son remplacement, à l’aide de ce qu’on appelle en imprimerie un carton, par une dissertation sur la force de la voix, ne peut s’expliquer qu’en admettant que les autorités ecclésiastiques ou judiciaires de l’époque exigèrent ce changement, et cependant le père Mersenne, auteur de l’ouvrage, avait publié à la suite de l’analyse du premier dialogue, le jugement textuel de la congrégation de l’index. Il m’a paru utile de montrer ici par une preuve matérielle qu’au commencement du xviie siècle, on n’était ni plus éclairé, ni plus tolérant en France qu’en Italie.

Le pape, quoiqu’il eût manifesté l’opinion que l’ouvrage de Galilée était aussi pernicieux que les écrits de Calvin et de Luther, commua la peine stipulée dans la sentence en une relégation dans le jardin de la Trinità dei Monti. Bientôt après, on permit à Galilée de partir