Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/266

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pour Sienne, où il logea pendant cinq mois chez un de ses anciens élèves, l’archevêque de cette ville. Ensuite il obtint la permission d’habiter non loin de Florence, à Arcetri, une maison de campagne qui lui fut assignée pour prison, et dans laquelle, je le dis avec douleur, on lui refusa pendant longtemps de recevoir ses amis.

À la fin, l’Inquisition s’était un peu relâchée de l’extrême rigueur qu’elle avait mise d’abord à surveiller la retraité d’Arcetri. Le grand-duc de Toscane et quelques amis allaient de temps à autre consoler l’illustre vieillard. Des étrangers eux-mêmes obtinrent la permission de le visiter dans le nombre nous pouvons citer Milton.

Oh ! combien il eût été à souhaiter que des savants italiens ou anglais eussent pu nous raconter en détail ce qui se passa dans cette entrevue De courtes réflexions calmeront nos regrets ; l’auteur des Dialogues était alors bien vieux et accablé d’infirmités. Les cruelles persécutions dont il souffrait lui commandaient la plus grande réserve ; Milton, très-jeune encore, ne dut paraître à la victime de l’Inquisition qu’un voyageur instruit et plein d’imagination. Ce ne fut que beaucoup plus tard que l’auteur du Paradis perdu conquit l’immortalité.

Galilée avait été doté par la nature d’un tempérament fort et vigoureux mais des études excessives et quelques habitudes antihygiéniques altérèrent sa santé. On raconte entre autres qu’à Padoue, à l’âge de trente ans, il se couchait pendant l’été tous les après-midi, à côté d’une fenêtre ouverte par laquelle s’introduisait dans sa chambre de l’air artificiellement refroidi à l’aide d’une chute d’eau. De là résultèrent des douleurs très-vives dans les jambes,