Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/268

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nique pour que les volontés de Galilée fussent respectées.

Dès que le corps de Galilée eut été déposé à Santa-Croce, cent quarante admirateurs de l’immortel physicien proposèrent de lui élever un monument à leurs frais. Mais Niccolini, ambassadeur du grand-duc de Toscane à Rome, conseilla d’attendre des temps meilleurs pour donner suite à ce projet. Ce n’est qu’en 1737, presque un siècle après, qu’on a exécuté dans un des lieux les plus apparents de l’église de Santa-Croce un beau monument en marbre, que les voyageurs de tous les pays ne manquent jamais d’aller visiter, et qui rappelle à la fois la gloire d’un des plus grands hommes que la Toscane ait produits, et les persécutions hideuses qui abreuvèrent ses derniers jours.

Le pape Benoit XIV annula la sentence de l’inquisition qui condamnait les ouvrages de Galilée. La théorie du mouvement de la Terre est aujourd’hui enseignée partout, même à l’Observatoire romain que dirigent les jésuites.

Voyez en preuve ces lignes, que j’extrais d’un Mémoire du père Secchi, jésuite, sur les observations du pendule, publié à Rome, en 1851.

« Le mouvement de rotation de la Terre autour de son axe, est une vérité qui de nos jours n’a pas besoin d’étre démontrée ; elle est, en effet, un corollaire de toute la science astronomique. »

Les Italiens, seuls bons juges en pareille matière, rangent Galilée parmi les premiers prosateurs dont leur pays puisse s’honorer ; ils vont jusqu’à le mettre sur la ligne de Machiavel.

Galilée était dans sa jeunesse un grand admirateur de l’Arioste ; il savait tout le Roland furieux par cœur.