Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/303

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ne faut calomnier personne, pas même les agents de l’Inquisition.

Il résulte du récit de Nelli dans la Vie de Galilée, fondé sur une déclaration de parents de l’astronome italien, que la spoliation du cabinet de Renieri doit être imputée à un certain chevalier Joseph-Augustin Pisano, qui avait été présent à la mort de Renieri et dans les mains duquel se trouvèrent l’horloge et le télescope du religieux olivétain.

Quoi qu’il en soit de cette accusation, les manuscrits de Renieri rentrèrent, on ne sait trop quand ni comment, dans la Bibliothèque de Florence, dite Palatine, d’où ils ont été extraits et publiés,, quant à leurs parties essentielles, par M. Alberi, après avoir donné lieu en Italie au débat le plus animé et le moins courtois.

Il n’est pas de mince ingénieur ou de petit auteur de traité de physique qui ne nous raconte cette anecdote. Des fontainiers de Florence, surpris de voir l’eau ne jamais s’élever dans le vide au-dessus de 32 pieds, allèrent consulter Galilée, qui leur répondit « Ce qui vous étonne est très-simple ; la nature n’a horreur du vide que jusqu’à la hauteur de 32 pieds. »

Les véritables appréciateurs du génie de Galilée tenaient cette réponse pour une plaisanterie faite dans un moment de gaieté. Je crois qu’on peut aller plus loin et la déclarer apocryphe.

On n’en voit, en effet, point trace dans les traités authentiques de Galilée. Le plus ancien auteur qui la mentionne est Pascal, dans la préface de son Traité de l’équilibre des liqueurs. Ce serait une autorité irrécusable