Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/304

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si Pascal s’était rendu garant de l’exactitude du propos prêté à Galilée ; mais il ne le cite que comme un on dit. Or, personne n’était plus intéressé que l’autour des Lettres provinciales à reconnaître que la biographie des hommes de génie ne doit pas se fonder sur des on dit.

C’est du temps de sa réclusion à Arcetri que datent les plus profondes publications de Galilée. La perte de la vue semblait avoir augmenté la pénétration intellectuelle de ce génie immortel mais la prudence lui commandait de ne point divulguer ce qu’il imaginait, pendant ses réflexions solitaires, sur le système de l’univers. Jaloux de transmettre ses travaux à la postérité, il prit les précautions les plus minutieuses pour que le fruit de ses pénibles veilles ne fût pas totalement perdu. Il légua ses manuscrits à Viviani, son élève et presque son fils d’adoption soins superflus, ces précieux manuscrits furent égarés à la suite des précautions maladroites que l’on prit pour en dérober la connaissance aux ennemis du grand homme. Tozzetti a raconté par quel hasard extraordinaire on retrouva quelques-unes de ces feuilles. Voici son récit :

« Dans le printemps de l’année 1739 le célèbre docteur Lami et Nelli allèrent déjeuner dans une taverne, à Florence, portant pour enseigne Auberge du pont. Chemin faisant ils entrèrent chez un charcutier renommé et y achetèrent un saucisson de Bologne qui leur fut remis enveloppé dans un papier. Arrivés à l’auberge, Nelli remarqua que l’enveloppe du saucisson était une lettre de Galilée il la nettoya aussi bien qu’il le put avec sa serviette et la mit dans sa poche sans dire à Lami un seul mot de sa trouvaille. Rentré en ville, Nelli se rendit à