Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/331

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et de la justice. Au reste, pour prévenir s’il est possible les colères dont une pareille liberté peut devenir l’objet, je déclare d’avance très-franchement que je considère Newton comme le plus grand génie de tous les temps et de tous les pays, et dans ce jugement je n’ai pas fait abstraction de l’immortel Kepler. Ceci bien compris, j’entre en matière.

Isaac Newton naquit à Woolsthorpe, petit hameau dans la paroisse de Colsterworth, comté de Lincoln, le 25 décembre 1642, jour de Noël. La mère de Newton, Henriette Ayscough, perdit son mari très-peu de temps après son mariage ; l’enfant qui devait occuper une si grande place dans l’histoire de l’esprit humain vint au monde avant terme comme Kepler. Heureusement les tristes prévisions qu’avaient fait naître son excessive petitesse et la faiblesse de sa constitution ne se réalisèrent pas.

Le revenu de la ferme où Isaac vit le jour, joint à celui d’une petite terre que possédait mistress Newton dans le comté de Leicester, s’élevait à 80 livres sterling ou 2,000 francs.

La veuve s’étant remariée avec Barnabé Smith, recteur de North Witham, l’enfant, alors âgé de trois ans, fut confié à sa grand’mère, qui lui fit donner dans les écoles des villages les plus voisins de Woolsthorpe l’instruction ordinaire. À douze ans, il fut placé dans l’école publique de Grantham et logé chez M. Clark, apothicaire de cette ville. Newton, arrivé au faîte de la gloire, racontait lui-même qu’il était d’abord très-inattentif et un des derniers élèves de sa classe. Ayant reçu d’un de