Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/387

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de la formation de la carte de l’île de France ; au retour, il remboursa le restant au trésor. Il eut quelque peine à obtenir, tant la chose était inusitée, qu’on accueillit sa restitution.

En créant les constellations méridionales, en leur assignant certains emblèmes, il eût pu se donner des protecteurs parmi les puissants de l’époque, il n’en fit rien : toutes ses dénominations furent empruntées à des instruments qui avaient servi utilement aux arts et aux sciences.

Lacaille avait une modestie sincère et profonde. Lorsque pour obéir à l’usage il enflait son nom, suivant une ingénieuse expression de Fontenelle, des titres académiques que lui avaient valu ses travaux, lorsque par exemple il publiait ses Fondements astronomiques, en 1757, tout le monde était surpris, excepté lui-même, que notre astronome national ne fût pas membre de la Société royale de Londres. Une pareille anomalie n’aurait certainement pas lieu dans le temps où nous vivons. En tous cas, ce fait est bon à citer pour la satisfaction de ceux qui pourraient devenir l’objet d’un tel oubli ou d’une injustice aussi peu pardonnable.

Si quelques académies étrangères n’apprécièrent pas, comme elles l’auraient dû, le mérite éminent de Lacaille et les brillants services qu’il rendait journellement à la science, ceux qui le virent de près comme Bailly et de Lalande, ses élèves, manifestèrent au contraire leur admiration, leur reconnaissance, dans les termes les plus flatteurs[1].

  1. Lacaille était membre des académies de Berlin, de Saint-Pétersbourg, de Stockholm, de Gœttingue.