Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/393

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été un coup de foudre. Cette difficulté inattendue inspire au contraire à Herschel une nouvelle énergie : il ne peut pas acheter de télescope, il en construira un de ses mains. Le musicien de la chapelle octogone se lance aussitôt dans une multitude d’essais, sur les alliages métalliques qui réfléchissent la lumière avec le plus d’intensité, sur les moyens de donner aux miroirs une figure parabolique, sur les causes qui, dans l’acte du polissage, altèrent la régularité de la figure doucie, etc. Une si rare persévérance reçoit enfin son prix. En 1774, Herschel a le bonheur de pouvoir examiner le ciel avec un télescope newtonien de cinq pieds anglais de foyer exécuté tout entier de sa main. Ce succès l’excite à tenter des entreprises encore plus difficiles. Des télescopes de sept, de huit, de dix et même de vingt pieds de distance focale, couronnent ses ardents efforts. Comme pour répondre d’avance à ceux qui n’eussent pas manqué de taxer de superfluité d’apparat, de luxe inutile, la grandeur des nouveaux instruments et les soins minutieux de leur exécution, la nature accorda au musicien astronome, le 13 mars 1781, l’honneur inouï de débuter dans la carrière de l’observation, par la découverte d’une nouvelle planète, située aux confins de notre système solaire. À dater de ce moment, la réputation d’Herschel, non plus en sa qualité de musicien, mais à titre de constructeur de télescopes et d’astronome, se répandit dans le monde entier. Le roi Georges III, grand amateur des sciences, fort enclin d’ailleurs à protéger les hommes et les choses d’origine hanovrienne, se fit présenter Herschel; il fut charmé de

l’exposé simple, lucide, modeste, que celui-ci traça de