Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/527

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avec une tristesse naïve : « Newton était assurément l’homme de génie par excellence, mais on doit convenir qu’il fut aussi le plus heureux : on ne trouve qu’une fois le système du monde à établir, »

Les travaux de Fermat appartiennent presque tous à cette catégorie de questions dont les géomètres de profession font leurs délices, et sur lesquelles le public, avide d’applications immédiates, jette à peine un regard dédaigneux.

Voltaire n’inscrivit pas le nom de Fermat dans la liste des notabilités qui illustrèrent le siècle de Louis XIV; tout le monde peut avouer, sans réticence et sans honte, ne pas savoir, en matière d’histoire scientifique, ce que Voltaire ignora. Deux mots de biographie, et chaque chose sera mise à sa place.

Fermat est né à Toulouse en 1595, et il est mort dans cette ville en 1665.

Le xvie et particulièrement le xviie siècle virent, dans tous les pays de l’Europe, d’illustres magistrats consacrer leurs loisirs à la culture des sciences et se distinguer par des découvertes. Le célèbre astronome Hévélius, fut sénateur de Danzig. Le grand pensionnaire Jean de Witt, était un profond géomètre. Hudde, bourgmestre d’Amsterdam, attacha son nom à de beaux théorèmes analytiques. Rœmer, devenu premier magistrat de Copenhague après s’être déjà immortalisé par la détermination de la vitesse de la lumière, continua à enrichir la science des astres et l’art d’observer de ses précieuses inventions. Et, dans notre France, Viète, à qui l’algèbre dut une si féconde, une si puissante impulsion, se devait aux affaires