Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/547

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qui m’étaient inconnus jusqu’alors, m’ont donné autant d’admiration que de satisfaction. Je vis par là que, sous différents rapports, ils avaient, chacun de son côté, perfectionné cette théorie dont je m’occupais presque exclusivement depuis plusieurs années, et que les mathématiciens de mon pays avaient regardée avec indifférence. »

Je dirai enfin pour dernière citation, qu’après l’impression d’un Mémoire d’Abel dans le Journal de M. Schumacher, M. Jacobi s’exprimait en ces termes : « La déduction est au-dessus de mes éloges, comme elle est au-dessus de mes travaux. »

Si l’on veut bien se rappeler ce qu’était, ce que devait être Abel pour le public, quand il quitta Paris au commencement de 1827; si l’on remarque, en outre, que ses principaux travaux ont été publiés à la fin de 1827 et pendant l’année 1828, il demeurera démontré que peu de réputations scientifiques se sont établies aussi promptement ; que dès l’origine de ses recherches, le jeune géomètre norvégien fut constamment encouragé par les suffrages les plus éclatants venant de l’étranger.

Est-ce, en vérité, ma faute si cette conclusion est en opposition directe avec le roman que l’on trouve dans la Biographie universelle !

J’ajoute un mot : dans une lettre à M. Holmboe, datée de Paris, décembre 1826, Abel s’exprimait ainsi : « J’ai écrit un grand Mémoire sur les Fonctions elliptiques. Entre autres choses, il traite de la division de l’arc de la lemniscate. Ah ! qu’il est magnifique ! Tu verras, » Celui qui s’apprécie lui-même avec cette fermeté attend sans impatience le jugement de ses contemporains.