Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/548

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Les satisfactions de l’esprit ne manquèrent donc pas à Abel. Que faut-il maintenant penser de la pauvreté, du dénuement, dans lesquels on fait mourir l’illustre géomètre ? Ce que les discussions précédentes permettent d’en penser, c’est que, là aussi, une fiction malheureuse aura été substituée à la vérité.

On représente Abel réduit à une place très-secondaire jusqu’à sa mort, qui arriva en 1829. J’ai déjà épuisé depuis longtemps toutes les formes de la dénégation. Je laisserai donc parler les faits eux-mêmes : « Dès que M. Hansteen partit pour la Sibérie en 1828, ses fonctions à l’Université de Norvége furent confiées à Abel. » En publiant les Œuvres du grand géomètre du Nord, M. Holmboe a déjà protesté, en 1839, contre la supposition, entièrement gratuite, que son ami.fût mort dans la misère.

Si j’ajoute encore une remarque, il n’y aura pas dans la biographie d’Abel une seule assertion que je n’aie complétement réfutée.

On dépeint Abel mourant « après avoir langui plus de six mois dans le malheur ! » À cette phrase lugubre substituons la suivante, et nous serons dans la vérité :

« Abel, dans l’aisance et plein de gloire, mourut au moment où il allait se marier. Malgré les représentations de ses amis, il voulut obstinément, au fort de l’hiver 1828, se rendre auprès de sa fiancée, mademoiselle Kemp. Peu de temps après son arrivée aux forges de Froland, Abel fut atteint d’une phthisie dont il mourut en avril 1829, après avoir été alité pendant trois mois. »

Voilà, dans toute sa simplicité, l’événement qui, en-