Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vations. Otez la passion, et dans Bouvard, passent, la Table de logarithmes à la main, des journées, des semaines, des mois entiers pour découvrir la faute de calcul que tel ou tel élève astronome avait commise en s’exerçant, vous ne trouverez plus qu’un fait sans cause, qu’une anomalie inexplicable.

L’événement culminant dans la carrière de notre confrère, c’est la connaissance qu’il fit en 179h de M. de Laplace. Le grand géomètre, retiré à la campagne près de Melun, composait alors la Mécanique céleste, il ne pouvait suffire seul à l’ensemble de calculs transcendants et de déductions numériques que cette immense entreprise exigeait, Bouvard se mit à sa disposition avec un dévouement sans bornes, et qui ne subit jamais d’affaiblissement, Laplace, d’autre part, s’attacha à faire rendre justice au collaborateur infatigable et modeste que l’intrigue aurait pu supplanter. Par la double influence de titres incontestables, incontestés, et du crédit légitime d’un ami illustre, Bouvard devint, successivement, adjoint du Bureau des Longitudes, membre du même corps savant et de l’Académie des sciences. Ajoutons que le fortune de l’astronome ne s’en ressentit guère, les libéralités de Bouvard envers une famille pauvre et très-nombreuse ayant toujours augmenté presque aussi rapidement que les appointements réunis de ses diverses places.

C’est assurément un spectacle plein d’intérêt, que celui d’un jeune homme qui s’élève de la position la plus humble jusqu’aux premières dignités scientifiques ; malheureusement, on ne doit pas espérer qu’il se reproduira